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Ça m’a fait sourire en lisant le message de Christian Drolet qui parle de son bateau en le désignant comme sa maîtresse. J’ai lu dernièrement un livre d’Isabelle Autissier dans lequel elle expliquait que les voiliers ont un sexe. Certains seraient des voiliers mâles et d’autre femelles, selon elle en tout cas.

Mais alors les bateaux ont-ils une âme? Peut-être, en tout cas en ce qui concerne les voiliers. Pourquoi alors? Quelle différences y a t-il entre un voilier et un bateau moteur. Un cruiser peut être lent ou rapide, bruyant ou silencieux, rutilant ou sobre, grand, petit, coloré etc…tout comme un voilier. Mais la différence selon moi, se trouve dans ce que le marin éprouve lorsqu’il navigue.

Un cruiser se conduit et subit la mer selon les conditions, alors qu’un voilier sous voile se «sent» et se «ressent». Chaque voilier a ses caractéristiques propres, ses humeurs selon les éléments auxquels il fait face, ses tics, ses défauts et qualités. Au bout d’un moment, le marin entre en symbiose avec lui. Il le «ressent» dans toutes ses membrures et pourra percevoir lorsqu’il souffre, lorsqu’il est bien. Il pourra déterminer sa vitesse sans regarder le compteur au seuls sons qu’il fait et ça, au quart de nœud près. Il mettra des années à bien le connaître et ne le connaîtra probablement jamais parfaitement. Le bateau lui parlera, et il apprendra à le comprendre et à l’écouter.

Cette symbiose peut apparemment prendre des proportions incroyables lorsqu’un navigateur solitaire fait avec son voilier de longs voyages. Leurs livres en parlent tous, et cela relève parfois du mysticisme. Slocum, Tabarly, Moitessier, Gélinas, Chichester,pour ne nommer que ceux-là, tous l’ont vécu et ont du mal à l’expliquer. Par exemple Chichester lors d’une course transatlantique qui dormait à poings fermés et qui se réveilla tout à coup, ressentant un malaise soudain dans la marche de son bateau. Quel que chose n’allait pas dans sa façon de bouger, comme si, je le cite «il renâclait à avancer», et il ne pouvait l’expliquer. Il monta alors sur le pont pour découvrir droit devant, des rochers à quelques encablures!

Un événement similaire est arrivé à Auboiroux sur son petit Néo-Vent. Le bateau refusait de conserver son cap. Il avait beau réajuster sa course, à chaque fois qu’il retournait dans sa couchette, le bateau changeait de cap. Décourager et épuisé, il finit par se relever et retourner à la barre. Quelques heures plus tard, une île droit devant qui ne devait pas se trouver là. En fait il s’était trompé d’une journée dans ces éphémérides lorsqu’il avait fait le point. Après avoir changer de cap, le bateau redevint docile et il put enfin aller dormir.

Est-ce là des fabulations venant d’hommes ayant passés trop de temps seuls avec eux-même sur leurs bateaux? Est-ce que tous ces événements pourraient être expliqués autrement et de façon plus logique? Peut-être, mais une chose est certaine, les hommes depuis les premiers qui ont creusés des tronc d’arbres pour naviguer, ont dessinés sur leurs bateaux des yeux pour qu’ils voient, leurs ont sculpter des têtes ou des figures de proues, les ont baptisés et les ont fait bénir selon leur croyances et religions. Et que dire des bateaux «maudits», dont les légendes et histoires tragiques ont habités toute l’histoire maritime depuis des temps immémoriaux?

Une chose est certaine à mes yeux. Bien qu’ont soient pragmatiques, athées, sceptiques et de l’ère dite «moderne», qui a posséder un voilier et a naviguer avec lui un certain temps, peut très bien en tomber vraiment amoureux. Moi j’ai nommé le miens Aloha 1, car il avait été baptisé Aloha et pour l’enregistrer au Fédéral, il m’a fallu rajouter le un, car changer un bateau de nom porte malheur il parait. C’est apparemment une offense qu’il pourrait ne jamais vous pardonner et qu’il vous fera regretter. Mais bon, je suis un homme sensé et pas superstitieux…mais cessons d’évoquer ces légendes et croyances…ça porte malheur!

Aloha 1 est un lourdaud avec ces 10 000 livres. Ses voiles ont étés taillées à son image. Elles sont lourdes et sont comme des tôles, ce qui en fait un gros paresseux par faible brise, mais il s’anime aussitôt que le vent forci, et peut rendre la monnaie à des plus grands et plus léger que lui par bonne brise. Il a survécut à l’incendie de Lighthouse et en arbore fièrement les cicatrices comme des tatouages indélébiles. Il n’est pas coquet. Avec sa quille modifié qui pèse 4200 livres, il n’est pas un gîtard, et alors que la marina est sous un nordet et que tous les autres, même plus gros et plus lourds dansent la danse de St-Guy à quai, lui, bouge à peine. Lorsqu’il est poussé au maximum, il s’accote sur sa joue à 35dgs de gîte, et fonce comme un bulldozer.

Oui, c’est clair dans mon esprit, Aloha 1 est un bateau gars! Si vous en avez possédé ou en possédez un, est-ce un bateau gars ou fille? Pouvez-vous expliquer pourquoi?

Alain Lavoie ou Aloha